Les auteurs des guides d'escalade corse
Thierry, le titi parisien, a niché quelques temps dans les falaises montpelliéraines avant de franchir la mer pour se poser à Aiacciu en 1997.
Bertrand, qui avait quitté l’île quelques années, revient en 2000. Il est alors sûr que la Corse sera son camp de base.
C’est au sein de l’association Corsica Roc qu’ils font connaissance et s’investissent rapidement de concert. Equipement, rééquipement, démaquisage et entretien des sites les occupent quelques temps. Puis, avec les moyens du bord, ils élaborent le topo Escalade autour d’Ajaccio qui financera en grande partie la construction de la salle d’escalade Kit Grimpe Aiacciu, fruit du travail de plusieurs grimpeurs motivés aux compétences professionnelles complémentaires.
L’idée originelle du topo Falaises de Corse remonte quant à elle à la prise de conscience de plusieurs membres de la FFME Corse de l’intérêt d’un ouvrage présentant tous les sites de l’île. La demande du public toujours plus forte et surtout la parution de topos étrangers ne justifient plus l’idée romantique de « spots secrets ». Mais le projet initial, qui consistait à faire une synthèse des éléments fournis par les différents protagonistes de chaque micro-région, n’a pu voir le jour faute de financements publics. Après deux ans d’attente, les deux compères reprennent ce projet à leur compte et s’investissent sans compter pour que le topo Falaises de Corse puisse paraître en juin 2006. En associant naturellement la F.F.M.E. à l’aventure, Thierry et Bertrand en ont fait le troisième auteur du guide. Les bénéfices que la Fédération dégage permettent d’équiper de nouvelles falaises mais aussi d’entretenir l’existant.
Toujours sur le terrain, les deux potes engrangent les renseignements et livrent tous les deux ans une réédition corrigée et augmentée du topo Falaises de Corse. En parallèle, Thierry a un projet qu’il remet souvent sur le tapis… Mais Bertrand fait l’anguille et se défile habilement. Un beau soir d’été 2010, Thierry débarque chez Bertrand une bouteille de Pumonte rosé transpirante de fraîcheur à la main. Les niveaux de la bouteille et de la vigilance de Bertrand baissent rapidement. Profitant de sa résistance passablement éméchée, Thierry le convainc alors de récidiver, du côté des grandes voies cette fois. Le lendemain, Bertrand promet de ne plus boire mais c’est trop tard et il faut se remettre au boulot. Heureusement, dans cette nouvelle aventure, la partie agréable de la tâche, à savoir grimper les voies sélectionnées, fait un peu mieux passer les heures passées devant l’ordi. Noël 2011, Grandes voies de Corse est au pied du sapin. Le bébé, pourtant conçu dans la boisson, semble être de bonne constitution.
Thierry devient BE d’escalade et entre dans le monde merveilleux des moniteurs de canyon bronzés* et musclés. Ses étés deviennent aquatiques et très occupés. Bertrand en profite lâchement pour s’enfuir dans le Grand Nord, pensant sottement qu’il se mettait ainsi définitivement à l’abri d’une rechute trop rapide. Mais souvenez-vous, la Corse est son camp de base et il dit rarement non à un petit verre de vin…
Et en effet, à la première occasion, Maître Thierry lui tint à peu près ce langage:
« Tu sais Bertrand, la mondialisation n’est pas une abstraction et Harstad (le nid septentrional de Bertrand) n’est qu’à une petite journée d’Aiacciu à tire d’aile. En plus la ‘’magie’’ internet abolit les frontières. Grace au télétravail tu peux bosser comme si tu étais là toute l’année et bla bla bla et bla bla bla (comme dirait Greta Thunberg). Il faut croire que, comme dans l’histoire de l’ours et du chasseur, Bertrand aime bien ‘’ça’’ car il a replongé.
Le rythme est pris : Bertrand revient en Corse quelques mois par an et télétravaille le reste du temps (un confinement pré-covid en quelque sorte). Les rééditions s’enchaînent laissant sans doute trop de temps libre à Thierry qui lance le projet d’un Topo-Monde… Rien que ça ! Heureusement que c’est Thomas Pesquet qui est parti pour la station orbitale internationale. Si ça avait été Thierry Souchard, on était bon pour un Topo-Univers ! En tous cas, ce projet laisse à Bertrand quelques années de répits car, pour la première fois il a réussi à se défiler. Ce sera aussi la dernière.
En effet, ses vacances prennent fin avec la venue au monde du topo Rock around the World. Il embarque dans le projet suivant : la conception d’un beau topo spécialisé sur Bavella. Ce sera Bavella – Corsica. Escalades choisies.
Le progrès avance tel un sanglier dans le maquis insulaire, rien ne peut l’arrêter. Les applis d’escalade deviennent incontournables et Thierry, en bon chef de gare, décide qu’il ne faut pas rater le train. Et c’est parti pour une nouvelle aventure, numérique cette fois, concrétisée par un partenariat avec Vertical life et Climbing Away. Mais c’est un peu trop simple et le chef de gare se transforme en styliste déclarant qu’il faut faire du ‘’sur mesure’’. En deux ans, la V1 de l’appli OmegaRoc voit le jour. Une version assez aboutie mais qui appelle bien des améliorations et de nouvelles fonctions. Ainsi arrive l’inévitable V2. Lorsqu’on met le petit doigt là-dedans on sait de suite qu’on va se faire bouffer le bras… suivront sans doute une V3, une V4 etc…
La suite reste à écrire. Mais avec trois topos au feu et une appli en amélioration permanente, l’avenir s’annonce bien rempli.
* Dans son cas le bronzage va du rose tendre au carmin plus soutenu.